Le vide, ça file le vertige…

13 mars 2014   Jean-Pierre Michel   Aucun commentaire   Chroniques, Transport       4773 vues

Par le plus grand des hasards, lequel fit apparemment bien les choses, le 28 février dernier lors du 20 heures de France 2, (et en presque simultané sur M6)… ces dames de la parlotte en images ont entrepris d’évoquer, d’un bout des lèvres pincées (version Marie Drucker) ou de manière plus soigneusement édulcorée (version le ravissant binôme de M6) l’univers inconnu de l’autocar de lignes régulières.

D’un côté comme de l’autre, nos animatrices semblaient jouer avec bonheur du jeu des questions/réponses.

Nous avons pu entendre, en stéréo sur les deux chaines, que l’autocar des lignes régulières ne transporterait que 10.000 passagers par an, soit 0.0005 % de la population en déplacement d’une ville à l’autre.

Ces dames nous confirmaient dans le même temps que le car est 3 fois moins cher que le train, qu’il est l’un des moyens de déplacement les plus confortables, parfaitement adapté aux passagers les moins pressés. Il devrait donc séduire, comme partout ailleurs, les personnes les moins fortunées…et bien non ! Crise ? quelle crise ?

En dépit des efforts des autorités de la concurrence, rien n’y fait… La SNCF s’oppose foncièrement à toute compétition et garde jalousement son pré carré, sauf lorsqu’il s’agit bien sûr de ses propres autocars, lesquels circulent sous la bannière d’Id Bus ou de Kéolis… On notera que cette grande dame supporte quand même, bon gré mal gré, la concurrence d’autres tout puissants, Veolia ou la RATP pour ne pas les citer.

Chacun sait que les fauves ne se dévorent pas entre eux !

Les défendeurs de la libéralisation des concurrences argumentent une règlementation beaucoup trop stricte chez les routiers… et réclament une complète remise à plat !

Les détracteurs quant à eux, continuent à radoter et à se retrancher derrière leurs vieux alibis éculés : « écologie et sécurité »… Tu parles, il y a des lustres que tous les scientifiques ont prouvé le contraire !

Mais lorsque l’on se trouve face à des cégétistes reconvertis, le dialogue tourne court… Cause à mon c… ma tête est malade, disait ma grand-mère !

Or, ce même 28 février, à l’approche des élections municipales… la presse professionnelle nous apprenait que nombre d’unions régionales des « Voyageurs » souhaitaient ardemment profiter de cette période propice, pour mener des actions (sans bonnet rouge) de lobbying dans les grandes villes à vocation touristique.

Mais dis donc, c’est pas si con, ça !… On devrait leur suggérer des sujets originaux à ces têtes d’affiches, des trucs dont on ne parle jamais… ça s’rait pas bête d’aller chuchoter à l’oreille de ces candidats en voie d’extinction de voix…

– Mais comment argumenter auprès de nos candidats ? interrogent en cœur les délégués régionaux…

– Et bien, suggérez-leur par exemple de valoriser le transport par autocar dans sa spécificité touristique locale…

On peut quand même espérer, à minima, trouver ici ou là des candidats pas trop cons, en mal d’idées, qui seraient tentés de faire fonctionner leur cérébral et d’engager une réflexion… Il faudra alors se cramponner et les amener à se positionner sur des choix stratégiques dans les domaines de

leurs futures compétences dont fait indiscutablement partie l’animation touristique des cités.

Ceci se vérifie au quotidien, les élus municipaux ont été contraints/forcés (et pourtant y’z’aiment pas), de s’y coller en matière de transports urbains et périurbains, de transports scolaires et de lignes régulières, tout simplement parce que ça influe directement sur l’équilibre de leurs budgets et sur la poche de leurs administrés.

Par contre, ils sont généralement d’une ignorance totale quant aux secteurs des transports liés aux activités touristiques, pourtant incontournable source de vie pour l’économie et la découverte culturelle des régions.

Ce vecteur de richesses achemine une foule de voyageurs sur nos territoires, ce qui permet dans le même temps d’apporter une plus-value économique dans les secteurs de l’hôtellerie, de la restauration, de la culture, des métiers du tourisme en général, du commerce, de l’artisanat et même de l’industrie…

Nous ne répéterons jamais assez ici que ce mode discret est parallèlement un levier puissant pour la vie culturelle, associative et sociale de tous les citoyens.

L’objectif serait de positionner le tourisme de groupe comme enjeu économique dans les métropoles.

Pour faciliter son développement, il conviendrait de sensibiliser les élus aux conditions de réussite du tourisme de groupe.

La circulation et le stationnement des autocars en ville sont notamment l’une des préoccupations d’avenir dans ce domaine et le devoir absolu des élus est aujourd’hui de se concentrer sur les nombreux atouts de l’autocar en matière d’environnement et de décongestion de la circulation.

Tous leurs homologues européens l’ont bien compris, en sont persuadés et tellement convaincus que partout a été mis en œuvre des politiques d’accueil, d’incitation et de publicité dans le domaine, de véritables aspirateurs à recettes locales… in.dé.lo.ca.li.sa.bles !

Alors, messieurs les candidats aux élections municipales, à vos pupitres… y’a d’la matière, du lourd !

(A suivre)

Jean Pierre Michel

Moi, Jérémie Richeplan, conducteur d’autocar de grand tourisme, vous abandonnait la semaine dernière au moment où un précieux rouleau de pellicule, chargé d’images en noir et blanc, prenait le chemin de la poubelle d’un poste frontière est allemand… alors que son propriétaire s’en trouvait brutalement démuni !

(A suivre, la semaine prochaine) J.R.