Le Pourboire, l’ultime solution à la crise ?

15 juillet 2014   Bertrand Figuier   Aucun commentaire   À la une    pourboire, service compris, Trésor public, TripAdvisor, TVA    3615 vues

Certaines études me laissent rêveur ; et pas seulement pour leurs coûts.

Celle, par exemple, que vient de sortir TripAdvisor sur les Français et les pourboires, me semble non seulement enfoncer des portes ouvertes mais aussi se tromper carrément de porte.

Sa grande conclusion, c’est qu’avec la crise, nos compatriotes, ces furieux radins, donneraient moins de pourboires.

En termes de reconnaissance systématique du service, ils seraient loin derrière les Américains, les Allemands, les Russes et les Anglais, et tout juste devant les Italiens…

Crise ou pas, 43 % des Français penseraient même que donner un pourboire n’a rien de nécessaire.

Mince alors… Des sagouins pareils ! Qu’on les pende !

Cela dit, un peu vite à mon goût, on oublie juste que ce fameux « pourboire » a été intégré dans la note dite « service compris », il y a déjà plus de 30 ans, quelque chose comme ça.

C’est si loin que j’ai du mal à m’en souvenir précisément.

Depuis, le pourboire s’est perdu partout, y compris dans les stations services, une catastrophe pour les étudiants qui payaient leurs études en travaillant à la pompe. Et ça bien avant l’arrivée du libre service…

En réalité, la France a opté, comme beaucoup de pays depuis, pour l’intégration du pourboire dans la note afin de taxer sans faiblir un argent liquide qui lui échappait encore.

Si mes souvenirs sont bons, à l’époque bénie des pourboires, les serveurs de café parfois, n’étaient même pas salariés.

Du coup, avec le « service compris », le Trésor public y gagnait sur 3 tableaux : il intégrait le pourboire dans le calcul de la TVA ; il officialisait le revenu du serveur et pouvait enfin l’imposer ; il forçait ce « liquide mal blanchi » à rejoindre les flux financiers de grandes banques contrôlées par l’état.

Une belle affaire vraiment… sauf pour le tourisme bien sûr.

Sans gratification personnalisée, le service, un art si délicat, qui demande tant d’empathie, se voyait ravalé au rang de vulgaire « boulot », bien standard, mais à l’exact opposé de sa véritable nature.

Et le serveur « aux petits soins » est devenu le serveur grognon dont Paris, semble-t-il, se serait fait une spécialité.

C’est du moins ce que disent certaines enquêtes.

Mais peut-être qu’elles sont aussi pointues que celle de TripAdvisor…

Bertrand Figuier