Coup de plume de Pierre Doulcet : peut-on bronzer sous les bombes ?


doulcetLe récent petit article d’un confrère à propos des manifestations en Turquie intitulé :  » que répondre à vos clients ?  » résume, par son seul titre, combien il devient difficile dans la profession de continuer à se mentir sur les évolutions géographiques, sociologiques et politiques du nouveau monde surgissant sous nos yeux.

Un bouleversement nous obligeant à revoir rapidement en priorité et en profondeur la stratégie sur le choix des destinations.

En effet, même si l’Irak a disparu depuis belle lurette des brochures en agences comment demeurer sourd et aveugle face aux événements actuels touchant ce pays.

Non seulement sur un plan militaire mais aussi sur celui plus prosaïque des « gros sous » et de l’armement.

En effet, vous devez savoir que les djihadiste d’un Islam radical, durant leur offensive vers Bagdad, auraient mis la main sur une cagnotte de 480 millions de dollars lors de la prise de Mossoul ! Avec en un prime un très confortable lot de kalachnikovs….

Que croyez-vous qu’ils vont en faire ?

Eh bien tout simplement en utiliser une partie afin d’en faire profiter leurs petits camarades sur d’autres zones figurant dans le viseur de cette nébuleuse d’organisations opérant désormais à l’échelle mondiale.

Nul besoin d’être Madame Soleil, pour en prévoir les conséquences rapides pour des pays déjà en première ligne dans leurs objectifs.

Inutile de vous en donnez les noms, vous les connaissez.

Dernier en date depuis 48 heures, le Kenya que l’on déconseille vertement aux touristes !

Il va donc vous devenir de plus en plus difficile de rassurer vos clients sur un voyage ou un séjour dans ces destinations en se contentant de leur conseiller d’éviter, selon la formule consacrée :  » certains lieux publics, théâtres de regroupement massifs pouvant dégénérer  » !

Arrêtons dans un tel climat, de nous mentir sur la réalité du monde actuel mais surtout de mentir aux candidats à l’évasion touristique.

Comme vous, ils suivent l’actualité quotidienne sur les chaînes d’infos.

L’inconscience ne saurait être une excuse.

Notre Julie l’a d’ailleurs fort bien compris en choisissant, pour mieux la combattre, la légèreté dans ses chroniques n’en déplaise à deux de ses contradicteurs plutôt méprisants.

Fort heureusement, il y a encore d’autres destinations plus fréquentables que celles que nous ont gravement polluées ces énergumènes fascinés par une barbarie cauchemardesque d’un âge que dans nos rêveries nous voulions oublier.

Le massacre de 1.700 soldats irakiens la semaine dernière, nous ramenant à celui des 4.000 officiers polonais par la police soviétique russes ( NKVD) dans la forêt de Katyne au printemps 1940 !

Je n’ignore point que mon propos n’aura rien de plaisant pour les destinations victimes de ces fous furieux mais nous devons également savoir, que persister dans un aveuglement pusillanime face à l’ évolution tragique de la situation, ne servira a rien.

Les bonnes paroles et les opérations bisounours face au déchaînement de ces nouveaux totalitaires non plus !

À son échelle, hormis l’application impérative du principe de précaution, le métier n’en a ni la force ni les moyens.

Seuls les États peuvent aujourd’hui agir dans cette confrontation fondamentale prenant par certains côtés des allures de guerre de cent ans.

Avec des particularités spécifiques tenant à la genèse du XXI siècle comme des territoires privilégiés style Dubaï, des tentatives d’alliances apparemment hors nature entre les États-Unis et l’Iran contre l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL) et le Maroc bénéficiant d’un roi Commandeur des croyants.

Dernière précision pour le cas où vous auriez encore besoin de mieux percevoir la réalité des faits. Retenez bien le nom  » EIIL.

«  En raison de ses succès militaires et de ses méthodes modernes de communication, la plus riche des organisations terroristes (on parle d’un matelas de deux milliards de dollars ) exerce un fort attrait sur les djihadistes au point de concurrencer désormais sérieusement al-Qaïda » !

Le type même de cauchemar, sur le plan strictement professionnel, que le SNAV, le SETO et l’APST comme l’ensemble de la profession, vont devoir intégrer.

En vérité, nous assistons à un nouveau chapitre de l’histoire du monde dont le début a commencé le 11 septembre 2011.

Même si, pour l’opinion, outre la grève de la SNCF et autres débats franco-français, le Mondial sert surtout, en ce moment précis, de leurre idéal jusqu’au 13 juillet.

Pierre Doulcet

Ps : et comme toujours : pdoulcet @ me.com





    9 commentaires pour “Coup de plume de Pierre Doulcet : peut-on bronzer sous les bombes ?

    1. L’ APST vient de lancer un appel
      à cotisation supplémentaire pour
      le mois de Juillet.
      Mais
       » Tout va très bien Madame
      La Marquise  » ….
      sauf que la suite de la chanson dit:  » Seulement voilà , il faut que
      l’ on vous dise que l’on déplore un petit rien. …… »et la nous avons droit à une cascade de pépins très sérieux comme on pourrait
      en débaler aujourd’hui. La chanson se terminant par un :
       » Mais à part ça tout va très bien
      tout va très bien »
      Comme quoi …..
      Chasser la réalité , elle revient au
      galop

    2. Il va de soi que l’appel a cotisation
      exceptionnelle que l’ APST vient d’annoncer hier pour ce mois de
      Juillet n’a aucun rapport avec la
      baisse du chiffre d’affaires des TO
      et des agences sur certaines
      destinations !
      Bizarre, vous avez dit bizarre
      Comme c’est Bizarre !

      F

    3. Si nous faisons référence à la Seconde Guerre mondiale, les terroristes de l’époque étaient les résistants à l’occupant.

      En Syrie par exemple, qui est terroriste, qui est résistant ? Bien malin (ou prétentieux) celui qui sait !

      Et de quels pays vient le danger ?

      De l’Irak ou de l’Arabie Saoudite, allié de l’Occident, dont était natif Ben Laden et la plupart des terroristes (pour de bon cette fois) du 11 Septembre ?

      De la pauvre Somalie ou du richissime Qatar qui finance des mouvances islamiques plus ou moins recommandables (et soudoie les membres de la FIFA) ? 😉

      Tout ça est bien compliqué. Disons que les risques sont connus et que les destinations de substitution sont très nombreuses, variées et sereines… pour bronzer tranquillou !

      Bon week-end ensoleillé à Toutes et Tous… cette fois.

    4. Ce n’est point parce que les forces sont différentes qu’elles
      n’en sont pas moins dangereuses
      Avec le terrorisme les djihadistes
      ne font pas mystère de leurs
      objectifs dans leur communication.
      Leur franchise dans cette guerre de cent ans qui démarre reste bien d’ailleurs la seule chose que
      l’ on ne puisse pas leur reprocher

    5. Ce n’est pas parce que les forces en présence sont différentes qu’elles n ‘en sont pas moins dangereuses
      Le terrorisme par exemple touchant aveuglement et n’importe ou.
      Ce qui est d’évidence la stratégie
      des djihadistes lesquels d’ailleurs
      n’en font pas mystère.

    6. J’oubliais une chose :

      Comme disait le Papy René de Julie :

      Pourquoi les Américains savent que l’Irak dispose d’armes de destruction massive ? (à l’époque Hussein/Bush)

      Parce qu’ils ont conservé le double des factures. 😉

    7. Je n’étais pas né en 1939, mais je l’étais en 1962, lors de la crise des missiles de Cuba qui aurait pu déclencher le feu nucléaire entre URSS et USA.

      Il est peu crédible de « comparer » les forces en présence aujourd’hui en Irak, en Syrie, au Mali et ailleurs, avec la Wehrmacht du Troisième Reich.

      Ce qui se joue là-bas sont, avant tout, des guerres civiles entre syriens, irakiens, maliens, ou ethniques, ou de religions entre Sunnites et Chiites, ou encore crapuleuses (entre voleurs de grands chemins et autres rançonneurs).

      Ça n’a rien à voir !

      Une seule chose est certaine : Quand l’Occident se mêle de ces histoires (auxquelles nous ne comprenons rien), la situation ne fait qu’empirer.

      Bon Week-End Monsieur Doulcet.

    8. J’avais 10 ans en 1939. À cette
      époque également cher ami
      Barraud , pour nombre de gens
       » tout était relatif  » !
      Au point d’ailleurs que la chanson
      la plus populaire sur les radios
      était :  » Tout va très bien Madame
      la Marquise  »
      Quelques mois plus tard nous
      nous retrouvions avec ma mère
      et ma soeur sur les routes de
      l’exode et la Wermacht mettait
      un mois pour atteindre la frontière
      espagnole !
      Vous avez raison ,comme plus
      récemment le 11 septembre 2001
      dans la vie  » tout est relatif  » …
      À l’exception des conséquences !
      Mais à part cela ,même aujourd’hui,
       » Tout va très bien Madame la
      Marquise  »

      Outk

    9. Combien de destinations sont réellement impactées par des troubles politiques majeurs et autres dérives terroristes ? Un nombre certain, mais la plupart n’ont jamais été de grandes destinations touristiques, comme l’Irak, la Libye, l’Afghanistan, le Mali, le Soudan… 

      À ce propos, on remarquera que l’Irak était un pays stable sous Hussein, comme la Libye de Kadhafi (deux dictateurs de la pire espèce renversés par les Occidentaux).

      Sous Saddam et Mouammar, on pouvait voyager sans risque dans ces pays (ce que j’ai eu la chance de vivre d’ailleurs).

      Et qui a mis un méga bazar dans ces nouvelles « démocraties » Made In Occident ? Les USA, la France, la Grande-Bretagne… Ne parlons pas de l’Afghanistan, un fiasco de plus !

      Tout ça fait évidemment l’affaire des terroristes de tout poil qui se répandent un peu partout au Sahel, dans la corne de l’Afrique, au Nigeria, au Pakistan, au Kenya… 

      J’en tire deux enseignements majeurs :

      1) Ne pas interférer dans des conflits internes (soulèvements populaires, révolutions, transition démocratique). La Tunisie est l’exemple d’une certaine réussite d’autogestion même si tout n’est pas rose au pays du jasmin.

      2) Les pays « infréquentables » pour des raisons politiques ou de violences terroristes sont une constante depuis des dizaines et dizaines d’années.

      Fut un temps pas si lointain où on ne voyageait pas (ou peu) au Vietnam, au Cambodge, en Corée (au Nord comme au Sud d’ailleurs), difficilement en Chine.

      Les dictatures chilienne et argentine n’attiraient guère les touristes dans les années 70/80, comme l’Apartheid en Afrique du Sud. Et ne parlons pas de la Birmanie, du Sri Lanka (et sa minorité tamoule), du Liban (aux pires heures de la guerre civile), de la Turquie (et du PKK kurde), de l’Italie des Brigades Rouges, de l’Allemagne de la Bande à Baader, du Rwanda et son génocide, de la Serbie, de la Croatie, du Monténégro… Sans parler de la RDA, des pays de l’Est dans leur ensemble et de l’URSS !

      Ben dis-donc, ça en fait un paquet !

      Les conflits changent, comme les motivations et les modes d’action, mais le monde de 2014 n’est pas moins instable qu’il l’était il y a trente ou quarante ans.

      Les destinations plaisantes et apaisées sont même sans doute plus nombreuses aujourd’hui qu’aux pires heures de la Guerre froide.

      Et comme le dit le Papy René de Julie : « Un touriste a plus de chances de mourir ou d’être gravement blessé dans un accident de la route en France que sous la bombe d’un terroriste à Mombasa, Marrakech ou Beyrouth… » 

      Comme quoi, tout est relatif !

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