85 Millions de casse-cou ?

2 septembre 2014   Rédaction   Aucun commentaire   Pays       2650 vues

Chaque année, la fréquentation touristique internationale de la France déclenche les mêmes polémiques, avec les mêmes arguments et les mêmes conclusions.

Je ne sais pas ce qui m’a pris, sans doute le changement brutal de gouvernement, mais j’ai voulu moi aussi tout changer et me poser la question différemment.

Dans le fond, savoir si 40, 60 ou 85 M d’étrangers sont venus chez nous me semble secondaire. Ce qui reste un vrai mystère c’est ce qui peut encore pousser ne serait-ce qu’un seul touriste à venir en France.

C’est vrai quoi ! Avec la réputation que nous avons !

Regardez le Bangkok Post du 18 août dernier (http://bangkokpost.com/most-recent/427204/paris-syndrome-drives-chinese-tourists-away) : régulièrement dévalisés par des pickpockets, selon lui, les Chinois et les japonais sont victimes du « syndrome de Paris » !

N’empêche qu’ils sont de plus en plus nombreux à vouloir découvrir « Paris » : incroyable, non ?

On peut attaquer les bus, les berlines saoudiennes bourrées d’argent et de gardes du corps ; on peut multiplier les grèves, avoir des hôtels trop chers pour leur qualité, les serveurs et les taxis les plus atrabilaires du monde, des boulangers-pâtissiers-glaciers qui ne parlent même pas anglais…

N’en jetons plus : vous connaissez la longue, très longue liste des reproches qui sont faits aux Français et à la France qu’on croyait si douce.

Et pourtant, en dépit de toutes ces horreurs avérées, nous avons non seulement des touristes par millions, mais aussi des étrangers qui s’installent chez nous par milliers !?

Allez faire un tour dans le Sud-Ouest… Croyez-moi, il y a du monde…

Mais que cherchent-ils à la fin, ces risque-tout ?

Il serait temps de se poser sérieusement la question, vous ne trouvez pas ?

Seraient-ils viscéralement amoureux de la France « d’avant » ; de la France de Baudelaire, de Balzac, des châteaux de la Loire, du cassoulet, du tandem béret—baguette, de Montmartre et d’Amélie Poulain, de Notre Dame, de Brassens, de Trenet ou de Brel… ?

En venant chez nous, espèrent-ils encore voir le Paris des films en noir et blanc, le Panam d’Arlety, de Piaf et de Boudard, où l’on chantait dans les arrières cours comme à Pigalle, avec du Ricard et un bout de sifflard ?

Seraient-ils prêts à tout pour tâter du bourre-pif parigot et des Tontons flingueurs… ?

Si c’est le cas, il faut revoir d’urgence nos produits et notre marketing, parce que cette France-là, nous lui avons tourné le dos il y a bien longtemps.

Dans les années 60, le Playtime de Jacques Tati évoquait déjà son agonie…

C’est vous dire si « le temps va »…

Bertrand Figuier