Mais qu’est-ce qui se passe chez les Low Costs ?


baroux-1Nous sommes habitués aux sorties aussi spectaculaires que parfois agressives du patron de Ryanair le tonitruant Michael O’ Leary, mais dernièrement, coup sur coup, il vient de faire fort.

D’abord en annonçant son intention de créer un « low cost » transatlantique avec des tarifs à partir de 10€ et sans doute quelques suppléments à payer avant d’embarquer.

Il lui faudra certes pour cela trouver des appareils adaptés, mais il peut compter sur sa capacité d’achat et de négociation bien connue appuyée sur une trésorerie plus que confortable.

Et plus récemment, la compagnie a passé un accord avec Travelport, l’ un des GDS majeurs, dans le but de se faire distribuer par les agents de voyages, ce qu’il avait toujours refusé jusqu’à présent.

Cette annonce vient en appui à celle faite par EasyJet qui utilise Amadeus. Southwest Airlines elle-même est entrée dans ce dispositif en se faisant diffuser par les GDS au Canada.

Très probablement les opérateurs de distribution ont été amenés à ajuster leurs tarifs car payer 5 $ par passager/segment alors que le prix de vente est de 10€, voilà qui serait suicidaire.

Mais les transporteurs « low costs » considèrent peut être qu’ils ont fait le plein de clientèle au travers des canaux de vente directe et que leur développement passe par les agents de voyages.

Il est d’ailleurs reconnu que les ventes faites au travers des GDS ont un prix moyen supérieur à celles réalisées via Internet.

Là réside peut-être une des clefs du tournant que les « low costs » sont en train de prendre.

En effet si les trois principaux transporteurs mondiaux font la même analyse, ils seront certainement rejoints par les autres dont certains, comme par exemple Vueling, utilisent déjà largement les GDS et les agents de voyages.

Il est possible que, dans un futur rapproché, la profession d’agent de voyages en soit profondément modifiée.

Tout d’abord par l’arrivée de la nouvelle norme NDC imposée par IATA et qui sera mise en opération dès la fin de 2016. Et puis par les nouveaux flux engendrés par la clientèle « lowcost ».

Le retour de ces transporteurs vers le circuit de distribution traditionnel est un signe de reconnaissance fort.

Les qualités intrinsèques de ce réseau sont bien connues : la proximité, la capacité de renseignement et de recommandation et le suivi après-vente. Rajoutez la responsabilité de bonne fin du voyage vis-à-vis des clients et vous avez de bonnes raisons, très objectives, pour utiliser ce mode de distribution.

Néanmoins cette profession devra bien évoluer elle aussi.

D’abord en renforçant la protection des consommateurs. C’est déjà largement chose faite en France avec l’action si positive de l’APST, mais la couverture devra bien être un jour ou l’autre étendue aux vols secs… et aux autres pays.

Par ailleurs, les clients devront bien être aussi protégés contre les dépôts de bilan des compagnies aériennes et en la matière les dégâts faits lorsqu’une compagnie « low cost » est liquidée sont considérables.

Tous les billets ont été payés directement auprès de la compagnie sans le sas du BSP et ils sont non revalidables et non remboursables. Autrement dit les clients n’ont aucune chance de récupérer leur mise, même très partiellement.

Il faudra bien qu’un jour ou l’autre les grandes organisations du transport aérien, IATA au premier rang, résolvent ce sujet, sinon les législateurs vont s’en occuper et, comme d’habitude, ils auront la main lourde.

Nous nous dirigeons tout droit vers la généralisation du système hybride tout au moins pour ce qui concerne le transport aérien court-moyen-courrier.

De quoi s’agit-il ?

Les compagnies aériennes utiliseront tous les moyens de distribution à leur disposition sans en exclure un. Autrement dit, elles seront présentes dans les GDS et elles feront les encaissements au travers du BSP et elles poursuivront bien entendu les ventes directes par Internet.

Par contre les agents de voyages doivent s’attendre à ce que les ventes du BSP ne soient plus prélevées tous les mois, mais toutes les semaines, voire même en temps réel.

Elles ne pourront plus compter sur ce moyen pour assurer une trésorerie plus ou moins confortable. Mais alors, IATA, ne sera plus alors en droit de réclamer des garanties bancaires destinées à sécuriser les paiements qui seront encaissés directement par les compagnies.

Il faudra bien alors trouver un nouvel équilibre économique entre les transporteurs traditionnels ou « low costs » et les agents de voyages.

Et ce sera vraisemblablement, le retour au commissionnement tout au moins pour les tarifs les plus élevés.

Jean-Louis BAROUX





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