Le président de Thomas Cook France sort de son silence


On s’étonnait de ne pas avoir de commentaires officiels de la part de Nicolas Delord, le président de Thomas Cook France et de son comité exécutif depuis la chute brutale le 23 septembre dernier de la maison mère Thomas Cook UK, c’est désormais réparé depuis hier 17 h, lors d’un point presse, avec une mise au point claire et précise des événements et de leurs conséquences actuelles et à venir.

« Nous avons du faire face à une situation très compliquée, que nous n’avons évidemment pas anticipé et qui a mobilisé très rapidement l’ensemble des forces vives de la totalité de l’entreprise » a prévenu d’emblée Nicolas Delord, en remerciant ses collaborateurs du siège, de toute la France et de l’étranger pour leur implication et leur solidarité.

« Mea culpa pour n’avoir pas communiqué à l’extérieur mais ma priorité était de gérer les procédures, les collaborateurs, les partenaires commerciaux, les fournisseurs et surtout les clients à destination ainsi que ceux prêts à partir » a poursuivi le président pour la France, actuel mandataire social de l’entreprise.

Des dommages collatéraux

La première priorité, explique t-il, a été de rapatrier les clients (8 000 sur les 10 000 sont ainsi revenus après la 1ère semaine) avec l’aide efficace de l’APST (Association Professionnelle de Solidarité du Tourisme) et d’une équipe de 10 personnes du siège de TC spécialement dédiée.

« La première semaine a été terrible, la seconde encore pire. Le pic de crise redescend désormais mais d’autres sujets arrivent sur la table« .

Aujourd’hui l’entreprise n’a plus d’argent, plus de réceptifs, plus de systèmes mais garde son esprit de combativité intact et communique « au travers de webex, de skype, de points de situation, la nuit, le jour, le samedi et le dimanche« .

Concernant le paiement de certains voyagistes plutôt que d’autres, la Direction de TC France indique que la comptabilité qui a fait les ordres de virement s’est arrêtée en attendant la descente de trésorerie, « mais elle a eu la possibilité, avant l’arrêt définitif, de payer cinq tour opérateurs choisis de manière aléatoire« .

Une réponse directe aux attaques de certains voyagistes accusant Thomas Cook France de favoritisme et de « copinage « .

Des franchisés déboussolés et objets de convoitise

Tous les franchisés Thomas Cook ont récupéré l’ensemble des fonds qui avait été déposé sur la centrale des paiements avant le 23 septembre 2019

« Les Franchisés ne peuvent plus vendre Jet tours car Jet tours n’a plus de licence mais peuvent encore tout à fait vendre les TO tiers. A condition bien sûr que ces TO tiers débloquent les accès » rappelle Nicolas Delord, conscient des appels du pieds des autres réseaux pour récupérer ces franchisés.

Mais ne manquant pas de rappeler que pendant la période de redressement judiciaire, « les contrats courent toujours et quitter Thomas Cook dès à présent pourrait être pénalisants pour eux« .

Ces franchisés ont récupéré l’argent qui avait été prélevé par mandat Sepa sur leurs comptes pour aller sur le compte de la centrale de paiement en vue du règlement de leurs fournisseurs tiers, sur des factures échues.

« Les franchisés doivent honorer leurs dettes directement auprès des fournisseurs« .

Des collaborateurs en « vacances forcées »

Les 777 collaborateurs actuels de Thomas Cook France ont, d’un commun accord entre les instances représentatives du personnel, la direction et l’administrateur judiciaire, accepté l’idée d’un chômage technique (congés payés) pour optimiser  les chances de survie et de reprise des activités.

La licence d’exploitation étant tombée depuis le 1er octobre, selon le code du Tourisme, aucun revenu ne peut désormais rentrer dans l’entreprise et pour préserver la trésorerie actuelle, une politique de « vacances forcées » à été mise en place, dans un souci d’économie en essayant de pénaliser le moins possible les collaborateurs.
« Nous voulons à tout pris éviter la liquidation« .

Le cas des PNR

Les PNR qui sont émis et payés ne peuvent plus être cédés. Ni même à titre gratuit car la société est en redressement judiciaire. Les billets réservés, non émis et non payés ne sont pas non plus « cédables » si on a pas de licence. « Ce n’est d’ailleurs pas très précis dans le code du tourisme, précise le président, et cela concerne assez peu de billets car, en vol régulier et assez tôt dans la saison hiver« . On parle d’un montant proche des 80 000 euros donc relativement faible à l’échelle de Thomas Cook France. 

L’appétit évident pour la marque Jet tours et ses agences de voyages

Le tour opérateur Jet tours est une véritable petite pépite dont la marque n’a pas été trop abîmé par la faillite de Thomas Cook France. Elle fait grosso modo voyager 300 000 clients par an et intéresse fortement  6 à 7 profils solides d’investisseurs en France et à l’étranger. Aucune précision ne sera donné sur leur identité, l’administrateur judiciaire se réserve jusqu’au 22 ocbre prochain pour communiquer sur les prétendants.

Dans tous les cas, le volet social sera privilégié. Le repreneur devra quand à lui négocier une extension de garantie de licence car il augmentera, avec la soixantaine d’agences Jet tours, son périmètre de volume d’affaires. Il pourra les faire travailler sous mandat en attendant que tout soit régulé correctement.

La production Jet tours hiver ne sera pas trop affecté (seulement quelques chaines charters ont été supprimé) car cela concerne le Long courrier, le dynamique et sans grands engagements financiers.

Le vrai sujet sera de remonter une production Jet tours « bien propre » pour l’été 2020 avec des ventes qui démarrent en janvier.

La polémique avec le président des EDV

« Nous n’étudions pas de LMBO comme j’ai pu le lire ici ou là  » indique Nicolas Delord qui rappelle que Thomas Cook France est membre des Edv (avec sa cotisation à jour) et n’a pas vraiment apprécié la sortie médiatique du président Jean Pierre Mas sur la faillite du géant anglais.

Tenir à tout prix

Dans une crise de cette ampleur (la plus grande faillite dans le tourisme de tous les temps), après quasiment moins de trois semaines et compte tenu des enjeux en nombre de clients, en difficultés avec les hôteliers, avec les fournisseurs et agences de voyages, arriver aujourd’hui réussi à avoir stabilisé les choses doit être à porter au crédit de la filiale France.

« Nous ne lâcherons rien et donnerons tout pour sortir le mieux possible de cette situation  » conclut Nicolas Delord.

PR

 

 





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