L’ ILTM Cannes 2019 : le secret d’une cuvée réussie

17 décembre 2019   Frédéric De Poligny   Aucun commentaire   France    Cannes, ILTM, Provence  

L’ILTM qui est le premier et le plus beau salon dédié au Tourisme de Luxe s’est tenu du 2 au 5 décembre dernier dans le majestueux Palais du Festival de Cannes, avec bien évidemment la montée des marches sur le traditionnel tapis rouge pour la grande soirée d’ouverture. Et comme à chaque fois, depuis des années, je me demande comment font les organisateurs pour bénéficier d’une météo aussi généreuse.

Le jour même de l’ouverture du salon, le ciel était d’un parfait bleu azur sans le moindre nuage, alors que la veille, Cannes et toute la région subissait un de ces épisodes méditerranéens, des pluies diluviennes accompagnées d’inondations, de glissements de terrain et de chûtes d’arbres, au point que la ville de Cannes avait été déclarée quasiment ville morte.

Les messages de la mairie annonçaient en permanence qu’il ne fallait en aucun cas sortir de chez soi, pas même en voiture et plusieurs fois dans la journée toutes les sirènes de la ville se sont déclenchées pour annoncer l’arrivée imminente de ces trombes d’eau.

Je dois avouer que le son un peu lugubre de ces sirènes, quand on sait qu’il ne s’agit pas d’un exercice, est plutôt impressionnant.

Mais à l’aube du grand jour de l’ILTM, les pluies cessèrent et en moins de deux heures les nuages laissèrent totalement la place au ciel bleu et à une météo « de Luxe ».

Ainsi les exposants qui représentaient les produits touristiques les plus hauts de gamme, ont pu accueillir en toute sérénité la foule des professionnels tous dûment accrédités, chacun ayant son programme très précis de rendez-vous.

Une vraie fourmilière de professionnels venus du monde entier pour faire leur marché pour une clientèle disposant de budgets « voyages » largement au dessus de la moyenne.

ILTM est sans aucun doute le lieu parfait pour découvrir la quintessence de l’offre internationale de produits touristiques de luxe. On ne peut s’y tromper, on n’entend guère parler français, ici la langue commune largement utilisée, même si on peut le regretter, est l’anglais. Il est fini le temps où le français était la langue commune de l’élite mondiale.

Souvent dans la blogosphère et dans certains « médias » adeptes du buzz, on entend s’élever des voix virulentes contre la « surconsommation » et qui affirment de manière péremptoire qu’il faudrait que tout le monde agisse, et en particulier voyage, avec plus de simplicité !

Évidemment, moi, comme beaucoup d’autres, lors de ma période estudiantine, j’ai voyagé sac au dos et pouce levé. Ce fut génial pour découvrir le monde, et cela reste tout aussi génial pour ceux qui le font encore à l’heure actuelle.

Mais avec un peu de recul, on se rend bien compte que ce n’est pas cette manière de voyager qui va améliorer la vie des habitants des régions visitées, même si, et c’est sûrement le plus important, cela permet des contacts et des rencontres authentiques inoubliables.

Par contre, le client d’un hôtel de luxe va dépenser beaucoup plus, mais ainsi il va faire travailler beaucoup plus de personnel. C’est un pourvoyeur d’emplois permanents. Plus l’établissement hôtelier est luxueux, plus le ratio employés/clients est élevé. Mais en plus des emplois directs, un grand hôtel ou un grand resort créent un nombre très important d’emplois indirects.

En fait il vaut cent fois mieux qu’un client qui a de beaux moyens dépense beaucoup pour ses vacances ou ses voyages professionnels, plutôt que de voir le même qui reste accroché en permanence à son bureau pour faire uniquement fructifier son argent et en accumuler encore plus. Dépenser est aussi une manière de partager.

De plus, la plupart de ces marques hôtelières de luxe installées dans des zones pas trop urbanisées ont depuis longtemps intégré cette notion de partage avec les communautés locales. Mais c’est seulement assez récemment qu’elles ont commencé à communiquer publiquement sur les actions qu’elles ont parfois engagées depuis longtemps au bénéfice des habitants. Chez Six Senses, cela fait longtemps qu’on fait appel au savoir-faire des artisans locaux et qu’une partie des revenus dégagés est investie localement avec par exemple création d’écoles, installation de système de purification de l’eau…

Les grands lodges africains ont convaincu les habitants des environs qu’il était beaucoup plus rentables pour eux de protéger la faune sauvage que de braconner car ainsi ils pouvaient à leur tour profiter de la manne touristique de ces visiteurs venus admirer les éléphants, lions et autres gorilles. D’autres apportent leur soutien à une amélioration écologique de notre planète, comme par exemple Eurostar qui vient de s’engager à planter des arbres.
En tout cas à l’ILTM de Cannes tous les participants n’avaient aucun état d’âme sur ce sujet, car tous savaient que ce créneau de marché pouvait apporter à tous, exploitants comme populations locales.

Cette année, la fourmilière des deux premiers jours a paru particulièrement active, avec de nombreux rendez-vous supplémentaires impromptus, car le denier jour du salon tombait le 5 décembre, et même si la grande majorité des participants venait d’ailleurs, tous ont vite réalisé que le 5 serait jour de grande grève des transports.

Nombreux furent ceux qui ont modifié leur programme et ont avancé leur retour le 4 au soir avec les derniers trains. Mais un certain nombre de participants venus de loin ont rejoint l’aéroport de Nice, ayant avancé leurs vols de départ d’une journée.

Une perturbation exceptionnelle, que tout le monde a supportée avec un flegme très britannique et qui fut de l’avis de tous plus une gène qu’un vrai problème n’ayant pas vraiment géné l’efficacité de ce salon.

Seul véritable regret, ceux qui durent partir un peu plus tôt ont raté cette année l’exceptionnelle soirée de clôture qui se tient généralement au Majestic et qui est le clou inoubliable de ce salon. Ce n’est que partie remise, car ils seront tous de retour l’année prochaine.

Frédéric de Poligny