Air France/ Alitalia : je licencie, je développe


Trois syndicats d’Air France ont signé mardi dernier un accord majoritaire sur le plan de départ volontaire de 1.826 personnels au sol dans le cadre de la deuxième étape de Transform 2015, vaste restructuration destinée à redresser le groupe franco-néerlandais Air France-KLM à l’horizon 2015, a-t-on appris de source syndicale.

En quelques années, ce sont ainsi près de 20 % des effectifs d’Air France qui ont ainsi été supprimés.

La manoeuvre stratégique d’Air France, géniale selon certains ou dangereuse selon les autres, consiste à améliorer sa rentabilité tout en se développant en mettant la main, par de la croissance externe (rachat ou prise de participation conséquente) sur quelques belles pépites.

Toutes les compagnies aériennes en effet, à commencer par les plus puissantes, mettent à profit la crise économique mondiale à la fois pour récupérer des actifs (des sociétés aujourd’hui en position de faiblesse), en vue d’accroître leur part de marché, et pour, également, comprimer salaires et effectifs, en vue d’améliorer leur rentabilité.

Pour ne citer que des cas très récents, British Airways a fait tomber dans son escarcelle l’espagnole Iberia et la compagnie allemande Lufthansa a mis la main sur l’ex-Swissair qui avait fait faillite. Quant à Air France, qui domine le transport aérien européen, c’est cette stratégie qui l’a poussé, il y a quelques années, à absorber la compagnie néerlandaise KLM.

Selon certains commentateurs avisés, il se pourrait que, profitant des grandes difficultés actuelles d’Alitalia, l’idée finalement serait d’en faire, à termes, une sorte de filiale court et moyen-courrier, chargée de rabattre la clientèle méditerranéenne vers les vols long-courriers du transporteur franco-néerlandais.

Sur le dossier Alitalia, après le retrait (provisoire ?) des compagnies du Golfe et d’Extrème Orient (même si on évoque un intérêt de la Russie, au travers d’Aeroflot), Air France-KLM se retrouve seule en lice.

Elle est ainsi en position de force pour exiger que l’État italien éponge 70 à 80 % de sa dette soit 1,2 milliard d’euros (si la commission européenne lui donne le feu vert, bien sûr ).

Et, finalement, laisse aux dirigeants italiens un choix cornélien : soit  » de la sueur et des larmes » (c’est à dire des licenciements et un démentelement de l’entreprise) à charge pour eux d’en expliquer les raisons à la population, soit voir s’effondrer sans combattre, Alitalia, la fierté nationale (et laisser Ryanair et Vueling s’emparer des créneaux horaires à Fiumicino l’été prochain).

Car Pour s’emparer d’Alitalia, la direction d’Air France doit débourser 300 millions d’euros (ou laisser diluer sa participation à environ 7 % et laisser passer l’opportunité), au moment même où elle invoque une trésorerie en berne pour supprimer des milliers d’emplois.

Comme le dit si bien Jean-louis Baroux, président d’APG et grand connaisseurs de la problématique aérienne,  » la profession est au bord de la crise de nerfs ».

Il est assez paradoxal en effet que, alors que le marché du transport aérien ne s’est jamais aussi bien porté (le nombre de passagers double tous les douze ans), les compagnies aériennes, surtoût européennes et américaines soyons juste, annoncent chaque année des pertes abyssales (telle Alitalia entre autres) et lancent régulièrement (chaque année !) des plans d’économies, comme le fait Air France notamment.

PR





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